Le Maroc inattendu : pourquoi va-t-on (quand même) à Agadir ?
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Le Maroc inattendu : pourquoi va-t-on (quand même) à Agadir ?
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« Agadir rien à dire », aime-t-on scander au Maroc. Et pourtant, avec 1,21 million d’arrivées en 2023, cette station balnéaire de la côte atlantique sud joue un rôle clé dans le tourisme marocain. Deuxième destination après Marrakech, elle séduit surtout les Français, qui représentent près de 20 % des visiteurs étrangers. Mais comment expliquer cet engouement pour une ville souvent jugée sans charme, qualifiée de « la plus banale, sinon la plus laide du Maroc » (Pierre Le Coz, Éternité à Taroudant) ?
Ravagée en 15 secondes par un terrifiant séisme en 1960, Agadir a été reconstruite sur un modèle balnéaire moderne, privilégiant les hôtels-clubs au détriment d’un ancrage culturel fort. Pourtant, cette ville portuaire cache bien son jeu et révèle des atouts insoupçonnés. Douceur légendaire du climat, atmosphère authentique, certes mais aussi de plus en plus d’activités famille et nature, avec des balades dans un arrière-pays d’une richesse insoupçonnée… On vous explique pourquoi on va (quand même) à Agadir. Voire, on y revient !
Une station balnéaire sous un soleil garanti
Du soleil toute l’année, à 3 heures de vol de la France avec très peu de décalage horaire et un accueil francophone, «il n’y a pas d’équivalent», résume Philippe Sangouard, DG de Boomerang Voyages, dont c’est l’une des destinations fétiches. Avec 340 jours de soleil par an, la douceur du climat subtropical océanique, en particulier l’hiver (22° en moyenne en janvier) est un fabuleux atout. Si l’été est parfois enveloppé de brume, celle-ci adoucit les chaleurs et fait le bonheur de ceux qui fuient les canicules. Les eaux de l’Atlantique, entre 19 °C et 23 °C selon la saison, invitent à une baignade agréable.
Plages sécurisées et loisirs en plein essor
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Membre du club des plus belles baies du monde, la plage d’Agadir s’étire sur 7 kilomètres au pied de la colline d’Oufella, fabuleux terrain de jeu pour des activités sportives terrestres ou nautiques. Ses eaux calmes sont propices à une baignade sécurisée, ce qui n’est pas toujours le cas sur la côte atlantique au Maroc.
Si l’on ne séjourne pas dans un hôtel avec accès privé, des espaces aménagés sont disponibles à prix modiques (environ 2,35 euros la journée). Petite révolution sur cette plage, des chiringuitos sont en projet, dont le premier doit ouvrir dès cet été.
L’authenticité au cœur du renouveau
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Bien qu’elle soit dépourvue de ce patrimoine historique qui fait le charme des médinas marocaines, la sienne ayant disparu dans le séisme de 1960 (on visite les ruines très bien restaurées de la kasbah Oufella), Agadir a conservé une profonde authenticité qui s’exprime notamment dans le service. Loin de surjouer l’exotisme, la capitale du Souss-Massa (dont le nom signifie «grenier fortifié» en tachelhit, l’une des trois langues berbères au Maroc) est solidement arrimée à la culture amazigh.
Le meilleur moyen de l’apprécier est de plonger dans les entrailles du souk El Had : avec une superficie de 13 hectares, ce plus grand souk d’Afrique est une fenêtre sur la culture et la gastronomie! Goûter l’huile d’argan, issue de l’arganier endémique à la région dans les boutiques des coopératives, faire provision de babouches et tuniques aux broderies multicolores, humer les parfums des épices et des fleurs … Le vrai Maroc pas bobo pour un dirham !
Une destination compétitive en termes de prix
Moins bien desservie que Marrakech en matière de vols, notamment au départ de province, Agadir reste cependant compétitive au regard de ses concurrentes les plus proches ; le prix moyen des forfaits séjour est 20 à 30% moins élevé qu’aux Canaries, autre destination soleil d’hiver.
On y casse également beaucoup moins sa tirelire que dans la ville Rouge. Hormis quelques bonnes tables, il faut miser là encore sur la simplicité, et les produits de l’océan tout frais pêchés, on y déguste le meilleur poulpe du Maroc.
Une station balnéaire remise à niveau
Depuis 2020, Agadir s’est lancé dans un ambitieux programme de développement urbain. Espaces verts, artères fluidifiées, rénovation des hôtels… La métamorphose est en cours. Parallèlement aux embellissements, une remise à niveau est en cours, avec la réouverture prévue (après rénovation) d’une vingtaine d’hôtels fermés depuis quelques années et des chantiers structurants : transformation de la vallée des Oiseaux, projet de musée amazigh, etc.
Des établissements comme le Royal Atlas, rouvert sous l’enseigne lifestyle The View, illustrent cette montée en gamme. «Agadir est plus moderne, plus aérée, plus verte et plus fonctionnelle», souligne Rachid El Habtey, DG du groupe Tikida, l’un des acteurs majeurs de la station avec cinq hôtels régulièrement rénovés.
Des activités pour les familles, du surf aux balades safari
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Naviguer dans la baie sur un bateau de pirates, s’offrir en petit tour en carrosse doré ou filer en téléphérique vers la kasbah d’Oufellah…Selon ses goûts on fera le tri dans les activités pour les familles plus ou moins kitsch en vogue à Agadir. Avec en vedette, l’ouverture de Danialand, parc aquatique perché sur une colline avec 7 piscines et 14 toboggans, et restaurants dont l’un sera aménagé dans une ancienne carlingue d’Airbus.
Amateur de nature, on pourra préférer une sortie à pied, à dos d’âne ou en 4 x 4 dans le parc de Souss Massa, à la découverte des oiseaux et des espèces sahariennes, gazelles de Dorcas ou antilopes Addax ou bien une virée au Croco Park.
En attendant l’ouverture prochaine du Lion Safari Park pour une expérience safari, on peut aussi faire un tour à Targant, à Taghazout, passionnant musée (avec scénographie innovante) sur l’arganier, arbre endémique de la région, avec unité de production, boutique et restaurant. Taghazout est aussi l’épicentre du surf dans la région, avec des programmes adaptés à tous les niveaux, y compris les enfants.
Un arrière-pays d’une inépuisable richesse
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Au cœur de la réserve de biosphère de l’arganeraie, Agadir est la porte d’entrée d’un territoire d’une inépuisable richesse naturelle de la vallée du Paradis et son décor de western au parc national Souss Massa qui s’étire au sud jusqu’à l’oued Massa. Plus loin, les montagnes de l’Anti-Atlas invitent à de belles excursions à la journée ou sur plusieurs jours : route des greniers fortifiés (igoudar) au sud vers Tafraoute, ou découverte de Taroudant, éphémère capitale saadienne ceinte de remparts et de ses environs, oasis de Tioute ou vallée des cédrats…
Et à 15 mn du port d’Agadir dans la montagne, se cache une pépite, les tombeaux des chérifs saadiens, d’une simplicité désarmante, flanqués d’une charmante mosquée (Timzguida Ougard) datant de l’époque almoravide au XIIe siècle. Entre authenticité, renouveau et nature préservée, Agadir s’affirme comme une destination qui défie les clichés et invite à la redécouverte.